Gouvernement François de Rugy succède à Hulot
Seul écologiste de poids de la majorité, le président de l’Assemblée nationale François de Rugy prend ce mardi 4 septembre 2018 la succession de Nicolas Hulot, avec pour mantra de « l’action, encore de l’action et toujours de l’action ».
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À 44 ans, François de Rugy obtient pour la première fois un portefeuille ministériel. Un choix logique pour Pascal Durand, proche de Nicolas Hulot : « François de Rugy a donné des gages » à la majorité et « a de vraies convictions écolos », affirme l’ancien secrétaire national d’EELV.
« Un écologiste légitime »
François de Rugy est « un écologiste légitime, tout à fait macroniste et il a un avantage majeur : il peut s’appuyer sur l’Assemblée nationale, ce que Nicolas Hulot n’a pas réussi à faire », a réagi Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement sur BFMTV.
« Le président de séance qui a planté l’amendement contre le glyphosate à deux heures du matin devient ministre des apparences écologiques. Édouard Philippe reste l’apparence d’un Premier ministre », dénonce pour sa part le patron de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
Le porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts, Julien Bayou, a lui souhaité « bon courage au nouveau ministre » en insistant que « sans changement de cap, ce jeu de chaises musicales ne changera rien, malheureusement ».
« Le recroquevillement de la politique écologique »
Un parlementaire de la majorité présidentielle se montre plus sévère : « Rugy, c’est le recroquevillement de la politique écologique, une énorme erreur mais en même temps un signal très clair », cingle-t-il.
Interrogé la semaine dernière sur RTL, François de Rugy avait affirmé n’être « candidat à rien ». Mais il avait aussi écrit sur Facebook qu’en matière d’écologie, « on ne peut plus se dérober devant la nécessité de l’action ».
Chantre depuis toujours d’une écologie « réformiste », François de Rugy a rompu en août 2015 avec EELV, en critiquant la « dérive gauchiste » de ses camarades et leur choix de ne pas participer au gouvernement de Manuel Valls.
« Je préfère la cohérence à l’obéissance »
Ancien adjoint du maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, François de Rugy n’est pas un macroniste de la première heure, ni un membre du premier cercle du président. Candidat à la primaire du PS et ses alliés pour la présidentielle, il avait annoncé dans la foulée son ralliement à Emmanuel Macron.
Il s’était pourtant engagé à soutenir le vainqueur Benoît Hamon. « Je préfère la cohérence à l’obéissance », avait alors justifié le député, qui avait soutenu la déchéance de nationalité pendant le quinquennat Hollande.
Il a été élu au perchoir au début de la mandature. Au Palais Bourbon, François de Rugy n’a pas fait l’unanimité, s’attirant la vindicte des Insoumis et des critiques au sein même de la majorité, en raison notamment de ses attaques contre les « multirécidivistes de l’absence ».
« Ça bosse ici », lui avait rétorqué en février le président du groupe LREM Richard Ferrand, dont le nom est cité pour lui succéder au perchoir. « Oui, il est contesté », affirmait en juin un député de LREM, soulignant l’incapacité du député de la Loire-Atlantique à avoir un « discours fédérateur ».
Attaché au perchoir
Autre reproche : on a « rapidement compris qu’il ne tiendrait pas sa promesse de remettre en jeu la présidence au bout de deux ans et demi, alors qu’il a été élu sur cet engagement », une critique qui s’éteint avec sa nomination au gouvernement.
Opposé à la limitation du droit d’amendement parlementaire, François de Rugy a aussi appelé en juin le gouvernement à « mettre de l’ordre dans l’ordre du jour ». Mais l’opposition ne lui en a pas particulièrement su gré.
Le député du PCF Sébastien Jumel y voyant les « coups de menton » et « fausses colères » d’un président ayant « dealé un affaiblissement du Parlement », via le projet de réforme institutionnelle. Pour François de Rugy, ces inimitiés découlent en partie de sa volonté de moderniser l’institution.
Chez les Verts dès 1997
Issu de la noblesse, et « assez souvent » attaqué sur son nom, selon son entourage, il n’a ni « château », ni « trésor » et des parents enseignants. Diplômé de Sciences Po, il a été assistant parlementaire du groupe Radical citoyen et Vert de 1997, date de son adhésion aux Verts, après un passage à Génération écologie, en 2002.
À partir de 2001, il a été adjoint aux transports du maire de Nantes d’alors, Jean-Marc Ayrault. Il a été élu député en 2007 puis en 2012, avec le soutien du PS. Père de deux enfants, il a épousé en décembre la journaliste de Gala, Séverine Servat.
« Très attaché à la Bretagne », selon son entourage, il aime la pêche en mer, notamment au homard, les biographies et la variété française, de Renaud à Johnny Hallyday. Ce qui ne l’a pas empêché d’inviter le mauvais garçon du rap français Joey Starr à déclamer en mars de grandes pages des discours parlementaires sous les ors de l’hôtel de Lassay.
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